Les émissions de la Sococim avant |
Selon cet expert du ministère de l’environnement, Dakar doit unir sa
voix à celles des autres pays africains pour pouvoir peser sur le sommet
international pour le climat qui va démarrer fin novembre à Paris. Il demande plus de financements pour soutenir l’Afrique face au
dérèglement climatique.
Que fait le Sénégal concrètement dans la réduction des gaz à effet de
serre ?
D’abord je vais préciser une chose. Le Sénégal fait partie des pays qui
n’ont aucune obligation en matière de réduction des émissions de gaz à effet de
serre (1). Du coup, le pays n’a pas d’objectif chiffré contraignant. Malgré
tout, le Sénégal a envoyé un document qui retrace l’évolution de ses
émissions de gaz à effet de serre et fait des propositions pour les réduire –
c’est la stratégie d’atténuation - et s’adapter aux conséquences du dérèglement
climatique – c’est l’adaptation (2 ou encadré avce les principales
propositions). Seuls les pays développés sont contraints par la Convention des
Nations-Unies sur les changements climatiques de réduire leurs émissions. En
réponse au protocole de Kyoto, ils devraient les atténuer de 5% entre 1997 et
2010, et de 18% entre 2013 et 2020.
Quelles sont les principales propositions de la contribution du
Sénégal en vue de la COP 21 ?
Le document que nous avons proposé en vue de la conférence sur le
climat à Paris en décembre comporte deux contributions. L’une est non
conditionnelle et l’autre conditionnelle. Dans la première, notre pays s’engage
à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5% par ses propres
moyens. Dans la seconde, il fixe un objectif de réduction de 20% d’ici à 2030,
mais cet engagement ne saurait être respecté qu’avec l’aide des
bailleurs.
Cette stratégie d’atténuation est nécessaire mais on ne peut pas s’en
contenter car les dégâts provoqués par le changement climatique sont déjà là,
ils sont considérables. De grands moyens sont nécessaires pour y faire et nous
souhaitons que le fonds destiné à financer ces actions d’adaptation soit plus
significatif. (Renvoi vers encadre qui résume
les principales actions proposées pour les deux stratégies et le cout pour
chaque stratégie et distinguer)
Votre plan d’action est-il applicable ?
Bien sûr. Si ce n’est qu’en l’état actuel, les moyens font défaut
de la part des pays développés. En effet, pour l’instant ils n’ont pas
suffisamment abondé le Fonds vert
destiné à financer les projets des Etats en voie de développement comme ils
l’avaient promis.
Mais tenez-vous compte de la
crise économique dans ces pays ?
Certes, ils connaissent des difficultés économiques mais ce sont les
pays développés qui ont le plus pollué par le passé. Et aujourd’hui, la Chine,
le Brésil et l’Inde sont parmi les plus gros pollueurs (note de bas de page sur
les Etats-Unis qui sont au premier rang des pollueurs avec la Chine). Pendant
ce temps, l’Afrique n’émet presque pas de GES et elle en subit pourtant de
graves conséquences. C’est donc la responsabilité des pays pollueurs de payer.
Peut-on concilier au Sénégal et en Afrique la mise en place de normes
d’atténuation et les impératifs de développement économique qui sont
souvent source de pollution ?
Evidemment ! Les mesures d’atténuations sont durables, viables et
applicables sur la population. Par exemple, nous avons un projet sur le digesta que l’on
obtient à partir du jatropha. Aujourd’hui, l’entreprise de cimenterie Sococim l’utilise
à la place du charbon, dans sa politique d’atténuation des émissions de
gaz à effet de serre. Par ailleurs, l’Agence nationale d’électrification
rurale (ASER) a remplacé les lampes incandescentes à celles à basse
consommation (LBC). Ces innovations ne freinent pas l’économie sénégalaise.
Au contraire, elles sont pour la plupart accompagnées d’opportunités de
développement et de création d’emplois. Reprenons le cas de la Soccocim :
la récolte du jatropha nécessite de la main d’œuvre et cela représente donc des
nouveaux emplois créés.
Quelle est la place de notre pays dans cette Cop 21 ?
Le Sénéga, à lui seul, ne peut pas peser. Il est au sein d’un groupe,
celui des pays africains, moins pollueurs et très vulnérables. Unis, ils
doivent porter la voix du continent.
Propos recueillis par Marame Coumba
Seck
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