Fonds vert pour le climat |
Les pays industrialisés ont pris l’engagement de mobiliser
100 milliards de dollars pour les pays
en voie de développement victimes de la pollution. Cette somme doit constituer
le « Fonds vert pour le climat ». L’Etat sénégalais a aussi prévu un
fonds national.
C’est le nerf de la guerre contre le dérèglement climatique.
Le financement des actions de lutte contre cette menace mondiale, mais aussi de
l’adaptation à certaines situations devenues irréversibles, s’affiche comme un
des points les plus sensibles des travaux préparatoires à la COP 21, le sommet
international sur le climat qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11
décembre 2015.
Pour faire face à la lutte contre le changement climatique
dans les pays en développement, un nouveau mécanisme a été mis en place. Nom de
code : le Fonds vert pour le climat. Par l’intermédiaire de ce fonds, les
pays développés s’engagent à mobiliser 100 milliards de dollars américains par
an d’ici 2020 en faveur des pays en voie de développement.
Ce nouveau fonds est parti d’un constat. « Depuis la conférence de Rio de 1992, et bien
avant cela, il y a eu une effervescence au niveau international qui a été
surtout le fait d’intellectuels. Ils ont réfléchi sur le devenir du globe pour
que les gens prennent conscience progressivement que les questions liées à
l’environnement constituent un élément important du développement», rappelle
Moustapha Sène, enseignant en questions environnementales.
La COP15, tenue en 2009 à Copenhague au Danemark, a jeté les
bases de la volonté politique de créer le fonds vert pour le climat. C’est à ce
moment-là que les pays riches, conscients qu’ils ont été pendant longtemps les
principaux pollueurs, en émettant des gaz à effet de serre, ont pris
l’initiative de financer des actions contre le dérèglement climatique dans les
pays en développement.
« Avec l’idée de ce
Fonds vert, il était question que les pays développés s’engagent à financer à
hauteur de 30 milliards de dollars par an pour la période 2000-2010», poursuit Mustapha Sène. D’après le Rapport 2014 du Comité permanent de la
Convention cadre des Nations-Unies pour le changement climatique sur les
financements, le montant des financements « climat » des pays
développés vers les pays en développement est passé de 40 milliards en 2010 à
175 milliards de dollars en 2012.
Pour la suite, « les pays industrialisés s’engageaient
à mettre 100 milliards de dollars américains par an d’ici à 2020», complète
Mustapha Sène. Mais à juin 2015, seuls 10 milliards de dollars avaient
réellement été versés.
A la COP21 à Paris fin novembre, les discussions sur les
financements de ce Fonds s’annoncent tendues car les pays en développement
réclament le respect des promesses des Etats développés. Ainsi, selon Mariline
Diara, directrice de l’environnement et des équipements classés (DEEC) du
Sénégal, l’ensemble des pays du Nord doivent contribuer davantage au Fonds vert
climat pour financer à la fois les stratégies d’adaptation et d’atténuation.
« Les négociations, le plus souvent,
échouent, estime pour sa part Aïssatou Diouf, environnementaliste. Les budgets des pays africains ne sont pas
assez consistants pour prendre en charge les financements. Le groupe « Afrique »
doit exiger à la COP de Paris une feuille de route claire pour atteindre les
100 milliards et sur les financements pour l’après 2020. L’Afrique a besoin
aussi d’un appui technologique et financier pour assurer une transition vers un
développement sobre en carbone. »
Pour le géographe Aliou Diouf, chargé de programmes à Enda
Energie, « le fonds vert pour le
climat, à l’échelle internationale, est important pour les pays africains car ils
ne sont pas pollueurs mais victimes. Ils ont donc impérativement besoin de
s’adapter au changement climatique et cela représente des coûts importants.»
Face à ce défi, et pour compléter les financements
internationaux du Fonds vert, le Sénégal a aussi créé son propre mécanisme, le
fonds national climat. Ce FNC, mis en place par le ministère de l’environnement
et du développement durable du pays[1],
vise à mobiliser 60 millions de dollars soit plus de 36 milliards de francs cfa
par an pour financer les actions climat. Au programme : mieux faire face
aux problèmes d’érosion côtière, d’inondations, de pollution marine et de
déforestation…
« Le Fonds
national climat fait partie des outils complémentaires au Fonds vert international
pour mobiliser des ressources », décrypte le géographe Aliou Diouf. Cette stratégie nationale
reflète une préoccupation pour le climat déjà bien ancrée au Sénégal. « D’une manière générale, Dakar a été toujours
parmi les pionniers sur les questions liées à l’environnement et à la
problématique climat », rappelle ainsi Moustapha Sène.
Mais les moyens publics resteront insuffisants. « L’Etat est le principal pourvoyeur de fonds en
la matière mais ses ressources restent pourtant assez faibles. Il reste à mieux impliquer le secteur privé
national et la société civile au Sénégal, mais aussi les entreprises privées
étrangères installées dans notre pays, prône Aliou Diouf. Tous ces acteurs peuvent aider à s’adapter
au changement climatique et à l’atténuer. »
Sékouba Konaré
[1]
A
travers la direction de financements verts et des partenariats et le comité
national changements climatiques. C’est le Conseil de suivi écologique (CSE) qui
est l’entité nationale chargée de la mise en œuvre de ce fonds.
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