CESTI/AMBASSADE DE FRANCE AU SENEGAL

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mercredi 14 octobre 2015

SOMMET DE PARIS: Le financement des actions climat, un enjeu pour le Sénégal en vue de la COP 21

Fonds vert pour le climat
Les pays industrialisés ont pris l’engagement de mobiliser 100 milliards de dollars pour les  pays en voie de développement victimes de la pollution. Cette somme doit constituer le « Fonds vert pour le climat ». L’Etat sénégalais a aussi prévu un fonds national.

C’est le nerf de la guerre contre le dérèglement climatique. Le financement des actions de lutte contre cette menace mondiale, mais aussi de l’adaptation à certaines situations devenues irréversibles, s’affiche comme un des points les plus sensibles des travaux préparatoires à la COP 21, le sommet international sur le climat qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.
Pour faire face à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement, un nouveau mécanisme a été mis en place. Nom de code : le Fonds vert pour le climat. Par l’intermédiaire de ce fonds, les pays développés s’engagent à mobiliser 100 milliards de dollars américains par an d’ici 2020 en faveur des pays en voie de développement.
Ce nouveau fonds est parti d’un constat. « Depuis la conférence de Rio de 1992, et bien avant cela, il y a eu une effervescence au niveau international qui a été surtout le fait d’intellectuels. Ils ont réfléchi sur le devenir du globe pour que les gens prennent conscience progressivement que les questions liées à l’environnement constituent un élément important du développement», rappelle Moustapha Sène, enseignant en questions environnementales.  

La COP15, tenue en 2009 à Copenhague au Danemark, a jeté les bases de la volonté politique de créer le fonds vert pour le climat. C’est à ce moment-là que les pays riches, conscients qu’ils ont été pendant longtemps les principaux pollueurs, en émettant des gaz à effet de serre, ont pris l’initiative de financer des actions contre le dérèglement climatique dans les pays en développement.
« Avec l’idée de ce Fonds vert, il était question que les pays développés s’engagent à financer à hauteur de 30 milliards de dollars par an pour la période 2000-2010», poursuit Mustapha Sène.  D’après  le Rapport 2014 du Comité permanent de la Convention cadre des Nations-Unies pour le changement climatique sur les financements, le montant des financements « climat » des pays développés vers les pays en développement est passé de 40 milliards en 2010 à 175 milliards de dollars en 2012.

Pour la suite, « les pays industrialisés s’engageaient à mettre 100 milliards de dollars américains par an d’ici à 2020», complète Mustapha Sène. Mais à juin 2015, seuls 10 milliards de dollars avaient réellement été versés.
A la COP21 à Paris fin novembre, les discussions sur les financements de ce Fonds s’annoncent tendues car les pays en développement réclament le respect des promesses des Etats développés. Ainsi, selon Mariline Diara, directrice de l’environnement et des équipements classés (DEEC) du Sénégal, l’ensemble des pays du Nord doivent contribuer davantage au Fonds vert climat pour financer à la fois les stratégies d’adaptation et d’atténuation. « Les négociations, le plus souvent, échouent, estime pour sa part Aïssatou Diouf, environnementaliste. Les budgets des pays africains ne sont pas assez consistants pour prendre en charge les financements. Le groupe « Afrique » doit exiger à la COP de Paris une feuille de route claire pour atteindre les 100 milliards et sur les financements pour l’après 2020. L’Afrique a besoin aussi d’un appui technologique et financier pour assurer une transition vers un développement sobre en carbone. »

Pour le géographe Aliou Diouf, chargé de programmes à Enda Energie, « le fonds vert pour le climat, à l’échelle internationale, est important pour les pays africains car ils ne sont pas pollueurs mais victimes. Ils ont donc impérativement besoin de s’adapter au changement climatique et cela représente des coûts importants.»
Face à ce défi, et pour compléter les financements internationaux du Fonds vert, le Sénégal a aussi créé son propre mécanisme, le fonds national climat. Ce FNC, mis en place par le ministère de l’environnement et du développement durable du pays[1], vise à mobiliser 60 millions de dollars soit plus de 36 milliards de francs cfa par an pour financer les actions climat. Au programme : mieux faire face aux problèmes d’érosion côtière, d’inondations, de pollution marine et de déforestation…
« Le Fonds national climat fait partie des outils complémentaires au Fonds vert international pour mobiliser des ressources », décrypte le géographe Aliou Diouf. Cette stratégie nationale reflète une préoccupation pour le climat déjà bien ancrée au Sénégal. « D’une manière générale, Dakar a été toujours parmi les pionniers sur les questions liées à l’environnement et à la problématique climat », rappelle ainsi Moustapha Sène.
Mais les moyens publics resteront insuffisants. « L’Etat est le principal pourvoyeur de fonds en la matière mais ses ressources restent pourtant assez faibles.  Il reste à mieux impliquer le secteur privé national et la société civile au Sénégal, mais aussi les entreprises privées étrangères installées dans notre pays, prône Aliou Diouf. Tous ces acteurs peuvent aider à s’adapter au changement climatique et à l’atténuer. »

Sékouba Konaré



[1] A travers la direction de financements verts et des partenariats et le comité national changements climatiques. C’est le Conseil de suivi écologique (CSE) qui est l’entité nationale chargée de la mise en œuvre de ce fonds.

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