Modou Fall devant L'Assemblée national le jour du vote de la loi interdisant les sachets plastiques légers |
Un homme, un combat : pour
un Sénégal propre. C’est le défi que s’est fixé Modou Fall. Ce marchand
ambulant de profession s’est converti aujourd’hui en un distributeur de papiers
biodégradables.
Derrière son chariot où flottent
deux drapeaux du Sénégal, Modou Fall, habillé en tenue militaire, suit le
rythme des fanfares émis par son poste de radio. Cet ancien militaire s’est
lancé dans un nouveau combat : «Pour un Sénégal Propre ». Son
opposition aux déchets plastiques n’est plus à démontrer. Elle lui a valu même
le nom de « Monsieur Plastique » depuis qu’il a commencé, en 2006, à
militer pour leur interdiction
Le 10 octobre 2015, jour du vote
de la loi interdisant la circulation des déchets plastiques au Sénégal, restera
à jamais gravé dans sa mémoire. « Ce jour -là, j’ai senti que mon combat
avait porté ses fruits, confie-t-il. Au début, les gens ne me prenaient pas au
sérieux. Ils disaient que j’étais fou ».
Hostilité des entreprises
Après sa libération de l’armée,
le destin lui trace un chemin qui mène à un monde « Zéro plastique. Devenu
dans un premier temps marchand ambulant de profession, il s’est ensuite
reconverti en distributeur de papiers biodégradables. « Les papiers sont
vendus à 50 F cfa ou à 100 F cfa l’unité. En plus, l’intérêt de ces papiers
biodégradables est qu’après utilisation, ils peuvent servir ensuite de
nourriture au bétail », soutient Modou Fall, qui a fait de cette lutte
pour la préservation de l’environnement un engagement personnel.
Mais les ménages aux
portefeuilles mal garnis expliquent que les prix ne leur sont pas
accessibles. Le chemin de Modou Fall est aussi parsemé d’obstacles
liés à une logique marchande – il s’est attiré l’hostilité des entreprises qui
fabriquent les sacs plastique - et au comportement irresponsable de
certaines populations qui n’hésitent pas à déverser leurs poubelles dans la rue
ou dans les canaux d’assainissement. Pour preuve de ses difficultés,
il souligne : « A chaque fois que notre slogan est affiché quelque
part, le lendemain, on voit que le « non aux déchets plastiques » est
effacé ».
Il soutient qu’aucune autorité ni
aucune Organisation non gouvernementale (Ong) ne se cache derrière lui. Son
autre activité – il ramasse chaque dimanche les sachets plastiques dans la rue
avec d’autres bénévoles – ne lui rapporte rien, insiste-t-il. « Les seules
propositions des entreprises qui s’offrent à moi c’est de leur vendre les
déchets plastiques à 50 F cfa le kilo pour les sachets et à 100 F cfa le kilo
pour les gobelets jetables. Cela n’encourage pas les bonnes volontés alors que
le ramassage pourrait servir d’emplois s’il y avait un plus grand intérêt
financier», regrette-t-il.
Il se dit aussi réticent quant à
l’usage final qui pourrait être fait de la transformation de ces déchets
plastiques. « Je suis sûr, s’indigne-t-il, que les entreprises qui les
achètent vont les associer à d’autre produits chimiques pour les revendre aux
citoyens. »
Marame Coumba Seck
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