Les véhicules importés de l’Occident sont très fréquents à Dakar, la
capitale sénégalaise. Ils contribuent à la pollution de l’environnement et
causent des problèmes sanitaires. Il existe pourtant des textes juridiques qui
encadrent le secteur de l’importation mais leur application n’est pas
effective.
Parking où l'on vend des véhicules d'occasion |
Boulevard des Centenaires. La vente des automobiles venant d’Europe
fait recette. Deux Messieurs, l’un en tenue de mécanicien l’autre en boubou, se
disputent. Histoire d’une vente avortée d’une Mercédès à 4 millions cinq cents.
Dans le parking de ce garage, plus d’une centaine de véhicules de
toutes marques sont alignés sur le parking. Des Toyota, Mercédès et autres BMW,
venus pour la plupart de la Belgique et de la France. Les prix varient entre 2
millions cinq cents et 17 millions. « Les
véhicules venants sont plus résistants et durent plus longtemps que ceux
destinés uniquement à l’importation, même si ils sont déjà utilisés. Par
exemple le 4x4 Toyota à neuf vous l’avez à 18.000.000 F cfa alors que la
seconde main vous revient à 17.500.000 F cfa », soutient un
importateur. Selon lui, ces voitures nous sont envoyées car
elles consomment un gasoil de mauvaise qualité.
Ces véhicules d’occasion sont source de pollution de l’air
pouvant entrainer des problèmes sur l’environnement et la santé. Selon
Adams Tidjani, environnementaliste, les occasions polluent plus que les
voitures neuves, destinées uniquement à l’importation. « Plus les véhiculent durent, plus leur
degré de pollution devient plus important », explique-t-il.
De là à dire que l’Afrique est
devenue la décharge de l’Occident… « Ce n’est pas
exagéré, et je partage cette opinion. En plus des véhicules, les ordinateurs et
autres appareils ne sont pas fabriqués en Afrique. Qu’est-ce qui nous montre
que les conditions écologiques sont prises en compte pour que ces appareils
soient importés? Comment savoir qu’il ne s’agit pas de déchets qui ne
respectent les normes environnementales en Europe ?», s’interroge Ibrahima
Ly, Juriste de l’Environnement à la Faculté des Sciences juridiques et
politiques.
La logique marchande l’emporte sur le souci environnemental. Sous
couvert de l’anonymat, le chef du garage admet que l’importation des véhicules
au Sénégal n’est pas réglementée. « Tout le monde peut acheter des
véhicules et les revendre après. La preuve, les immigrés en amènent pour les
écouler avant de partir », se désole cet importateur, qui travaille dans
ce secteur depuis 1998. Une version confirmée par le président des importateurs
de voitures au Sénégal, Khalifa Samb qui soutient ne pas se rappeler le début
des importations de véhicules au Sénégal.
Selon l’Agence nationale de la Statistique et de Démographie (ANSD),
Les importations de machines et appareils sont en progression depuis 2010.
Elles ont atteint 416,3 milliards FCFA en 2013, soit une hausse de 10,9% par
rapport à l’année précédente. Parmi celles-ci, les matériels de transport font
partie des principaux produits importés sur les cinq dernières années. Ils sont
évalués à 23,0 milliards FCFA contre 7,0 milliards FCFA en 2012.
Pourtant, le Sénégal s’est doté des mesures réglementaires
sur l’importation des véhicules. En 2001, les autorités ont interdit sur le territoire
sénégalais l’importation de toute « voiture de tourisme »
(qualificatif donné aux anciens engins venant d’Occident) de plus de cinq ans.
L’objectif était de renouveler le parc automobile afin de préserver
l’environnement sénégalais des émissions de gaz à effet de serre. Mais en 2012,
cette limitation a été étendue à 8 ans. « Des véhicules de plus de 10
ans, disait Macky Sall lors de sa campagne pour la présidentielle, circulent
aux Etats-Unis et en Europe. Pourquoi, ces véhicules ne peuvent-ils pas rouler
au Sénégal[1] ».
Selon le décret n°2012-444 modifiant celui du 26 janvier 2001 relatif à
l’importation des véhicules, cycles et cyclomoteurs usagés interdisant des
: « véhicules utilitaires légers de 3,5 tonnes de poids total ou moins,
âgés de plus de huit (08) ans ; véhicules conçus pour le transport des
personnes, comportant un nombre de places assises au moins égales à sept (07)
et dont l’âge est supérieur à huit (08) ans ».
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